Foot, beers and rock’n’roll

Quand ils entendent les mots pop culture les cointeurs sortent leur Lager !

Et oui, si le lien n’est toujours pas évident pour les Français, la pop culture anglaise est, elle, imprégnée de foot et de rock.
Une synthèse est personnifiée avec le lad  pour qui le foot est roi, la pinte un sceptre et la musique pop un hymne qu’il chante la main sur le cœur et la larmichette à l’oeil.

Les Anglais moyens ont-ils plus de chance, ou du moins meilleur goût que les Français ?

Disons le franchement, pendant longtemps le football ne fut chez nous qu’un marqueur quasi indélébile de connerie populaire pour quiconque se déclarait amateur assidu. Et ce ne sont pas les « chanteurs » ou les films tels qu’ « À mort l’arbitre » de Jean-Pierre Mocky qui ont atténué cette vilaine image.
Certes tout le monde s’est pris au jeu brièvement durant l’été 98, mais c’était moins le plaisir de découvrir un sport et une subculture que de fêter une victoire mémorable qui poussa autant de gens à revoir leur position.

Les piètres résultats des équipes françaises depuis 10 ans, la violence absurde de quelques hooligans et enfin le comportement infect d’internationaux tricolores ont achevé de bousiller la belle image véhiculée par le foot français – au grand dam des politiques de tout bord.

Pour en revenir aux Anglais, les lads ne sont pas plus finauds ou plus cultivés que nos supporters de base. La différence vient peut-être des « élites » ou des classes moyennes qui assument depuis longtemps le mélange des genres sans le moindre complexe.

En schématisant, le lad de base vide ses pintes (ne cherchez aucune contrepèterie c’est peine perdue) en écoutant Oasis devant un match de Manchester City. Mais dans le même temps le cinéaste cérébral Ken Loach a fait un film sur Cantona et a toujours déclaré son amour pour ce sport. Il a même révélé son admiration pour Beckham, pourtant icône de pub flanquée d’une insupportable moitié.
Et que dire de Nick Hornby ? L’écrivain londonien doit ses plus grands succès à la narration de ses amours inconditionnés pour le club d’Arsenal (« Carton jaune ») et pour le rock indé (« High Fidelity »). Hornby a intégré le foot à la pop culture, ce qui explique peut-être son énorme succès.

On attend encore les romans français sur la question et les films explorant autre chose que le coté caricatural du milieu… Même si certaines œuvres trop rares sont d’une justesse jubilatoire (dont « coup de tête » de Jean Jacques Annaud). On imagine mal Houellebecq écrire sur les états d’âmes d’un Franck Ribéry ou sur la souffrance hebdomadaire du supporter parisien au cours des années 2000, et pourtant ça vaudrait le coup.

Les exemples sont légions dans la culture anglo-saxonne et plus particulièrement dans le rock. 
Les formations passent rarement à côté des références à leurs équipes de foot fétiches. Des exemples parmi d’autres :
New Order qui écrit l’hymne de l’Angleterre pour la coupe du monde 90 ;
Super Furry Animals qui rend hommage au turbulent Robin Friday (Fantasque footballeur de Queens park rangers plus intéressé par les paris sportifs que par ses propres performances sur le terrain).
Ou encore les Wedding Present qui mettent à l’honneur Georges Best, finalement plus rock star que 90% des musiciens. Citations au choix : « J’ai claqué beaucoup d’argent dans l’alcool, les filles et les voitures de sport – le reste, je l’ai gaspillé» ; « J’avais une maison au bord de la mer. Mais pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n’ai jamais vu la mer » ; « En 1969 j’ai arrêté les femmes et l’alcool, ça a été les 20 minutes les plus dures de ma vie. »

Pour se faire du mal on pourrait rétorquer qu’en France aussi on a ça, Mickey 3D avec sa déclaration d’amour pour Johnny Rep et la Mano Negra avec son « Santa Maradona ». Mais c’est à peu-près tout. Ou pour vous la faire à l’envers y a Youri Djorkaeff qui aurait dû se contenter de s’attaquer à la succession de Thierry Roland plutôt qu’à celle de Prince. Et l’inénarrable Rémy terrier qui a trouvé la métaphore amoureuse absolue.

Pour ce qui est de l’étrange attirance des tops of the pops anglais pour le foot, elle s’exerce même sur les moins susceptibles d’en être les cibles. À ce titre le cas de Morrissey l’ex-chanteur des Smiths est assez révélateur… Affaire à suivre dans une petite semaine pour ceux qui veulent.